https://www.elwatan.com/edition/actualite/presse-electronique-de-plus-en-plus-de-sites-inaccessibles-depuis-lalgerie-07-08-2019
Plusieurs sites internet d’information ne sont plus accessibles en Algérie depuis le début du hirak. Les derniers en date sont Algérie Patriotique et Inter-Lignes.
Aucun justificatif n’a été fourni aux gérants de ces sites par les responsables concernés (opérateurs de téléphonie, mobile ou fixe, autorité de régulation…). Les sites en question fonctionnent toujours, mais ne sont accessibles pour les internautes algériens que via un VPN ou un site Proxy.
Contacté par nos soins, le responsable d’Inter-Lignes, Bouzid Ichalalène, a évoqué des «pratiques inacceptables» qui consistent en le blocage de sites «neutres» ou «critiques» vis-à-vis du pouvoir en place.
Si pour la presse papier, les pressions sont exercées par le biais de l’ANEP (Agence nationale de publicité) en privant les plus récalcitrants de cette importante manne financière, pour les sites internet, il est question carrément de blocage. Même si les sites sont, dans l’absolu, fonctionnels, le fait qu’ils ne soient pas accessibles depuis l’Algérie est «pénalisant», nous a confié Bouzid Ichalalène. Tous les Algériens ne maîtrisent pas les moyens de contourner ces blocages.
De leur côté, les responsables d’AlgériePatriotique ont signalé sur leur page Facebook que leur site a été «bloqué par le pouvoir en Algérie». Ils ajoutent que bien que «censuré», il est «accessible à partir de l’étranger et via le réseau VPN».
Plusieurs autres sites internet ont également subi ce sort, à l’image d’AlgériePart et Observ’Algérie. Le 1er août, l’équipe d’Observ’Algérie, un site lancé il y a près de deux ans, s’est «indignée par cette censure et dénonce une atteinte grave à la liberté de la presse, à la liberté d’expression et à la liberté d’entreprendre». Et d’ajouter : «La censure de plusieurs sites d’information représente une régression grave des libertés en Algérie.»
Il faut rappeler que le premier site à avoir été bloqué est TSA-Algérie. Cela s’est passé au mois de juin dernier. «TSA est toujours bloqué, et ce, depuis le 12 juin, d’une façon arbitraire, sans aucune explication officielle», nous a indiqué hier son directeur, Hamid Guemache, qui a ajouté : «C’est de la censure politique qui risque de coûter cher aux médias indépendants. C’est une atteinte flagrante à liberté d’expression.»
Ayant déjà réagi, le 19 juin dernier, le Syndicat algérien des éditeurs de la presse électronique (Saepe) compte rebondir sur la question, pour dénoncer une nouvelle fois ces «entraves» à l’exercice du métier d’informer. Même le coordinateur du panel du dialogue national, Karim Younès, a dénoncé, hier, lors de son passage à Radio M, les atteintes à la liberté d’expression. «Quelles ques soient les conditions, il est anormal que la presse soit empêchée de faire son travail», a-t-il dit à ce propos, tout en réaffirmant son attachement aux mesures d’apaisement.
Pourtant, le 3 avril dernier, après six vendredis de contestation, le gouvernement Bedoui avait annoncé qu’il avait «décidé de l’adoption de la transparence et de l’objectivité dans l’octroi de la publicité publique sans discrimination et sans exclusive aucune, entre tous les médias publics et privés».
Dans ce qui s’apparentait à des mesures allant dans le sens de l’apaisement à ce moment-là, il avait également décidé d’«examiner les dossiers déposés auprès du ministère de l’Intérieur relatifs à l’agrément des partis politiques et des associations à caractère national et interwilayas, outre l’examen des dossiers déposés auprès du ministère du Travail relatifs à l’agrément des syndicats». Des promesses sans lendemain, puisque, sur le terrain, aucune avancée n’a été constatée sur ce plan. Bien au contraire…
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